Épaule et Tennis
Dr. Nicolas LAPIE
Les pathologies de l’épaule lors de la pratique du Tennis sont fréquentes. On retrouve les surmenages (overuse) et les pathologies du lanceur (3ème catégorie de l‘article général) (https://www.chirurgie-epaule-toulouse.com/epaulesport)
1. Epidémiologie
L’épaule est en second (avec le poignet) après le coude, en fréquence d’atteinte au niveau du membre supérieur (membre dominant), par hypersollicitation. Les pathologies sont différentes en fonction de l’âge du patient.
Les facteurs de risque sont multiples : Technique, Matériel, surcharge, échauffement, mauvaise préparation physique…
L’épaule est une articulation complexe, très sollicitée au moment du service, pourvoyeur de conflit antérieur (pathologie sous acromial) ou postérieur (pathologie articulaire).
2. Biomécanique
Se référer à l’article sur les sports de lancer : https://www.chirurgie-epaule-toulouse.com/epaulesport/lanceur .
L’épaule est une articulation hyper mobile dont la souplesse (laxité) peut augmenter avec la pratique sportive. Son fonctionnement nécessite un point fixe (omoplate). Si celui-ci est déficitaire, la fonction est dégradée : Les muscles fixateurs de l’omoplate sont ainsi essentiels pour le fonctionnement en harmonie du complexe de l’épaule.
Une bonne coiffe des rotateurs est également nécessaire pour son rôle de centrage de la tête humérale, et ainsi résister à son ascension vers l’arche acromiale. L’équilibre entre Mobilité et Stabilité est la clé.
Comme précisé dans l’article « sport de lancer » la rotation externe se développe coté dominant pour le service (RE2). Si le patient est souple, il sera plus à risque par un augmentation trop importante de cette laxité. Cette augmentation de RE2 doit être compensée par une baisse équivalente de rotation interne RI2 sinon c’est l’épaule à risque (https://www.chirurgie-epaule-toulouse.com/epaulesport/lanceur).
La coiffe des rotateurs est sujette au vieillissement (peu d’arthrose à l’épaule, mais plutôt une usure par les tendons). Sa dégradation chez le sujet de plus de 40 ans expose au conséquence du mauvais centrage dynamique de la tête humérale.
3. Surmenage (overuse syndrome)
Il s’agit plutôt de tendinopathie chez le sujet jeune et des pathologies de la coiffe après 40 ans. Elles ne sont pas spécifique au tennis, se voient chez tout sport avec gestes répétitifs du membre supérieur.
4. Pathologies du lanceur
cf. l’article en question. https://www.chirurgie-epaule-toulouse.com/epaulesport/lanceur
Notez la rotation externe coté droit, le coude est dans le plan de l’omoplate (épaule protégée)
On retrouve particulièrement au Tennis :
- Conflit Posterosupérieur (PS) : Même si le contact entre trochiter et glène est retardé par les mécanismes que nous avons vu (rétraction posteroinferieure et décentrage postérieure de la tête), il se fait quand même, d’autant plus que le lanceur va chercher loin en arrière pour gagner de la puissance (le tronc s‘avance, le bras est en arrière du plan de l’omoplate). Les lésions du labrum (en haut et en arrière de la glène) se retrouvent dans le conflit PS, elles sont parfois associées à des lésions de la face profondes du sus épineux ou du sous épineux (lésion en miroir). On retrouve des douleurs à l’armé du bras, parfois en arrière, avec des signes d’irritation de la coiffe supérieure. En poussant la tête en arrière (en position d’armé), l’examinateur soulage la douleur en éloignant les 2 zones entrant en conflit (test de recentrage mais il n’y a pas d’appréhension comme dans l’instabilité antérieure). L’ArthroTDM recherche des lésions du labrum PS, de la coiffe et parfois un éperon osseux sur la glène traduisant le contact répété entre trochiter et omoplate.
- Atteinte du Nerf suprascapulaire : Mécanismes : microtraumatismes répétés, traction, kyste. Douleur en arrière (scapulalgie) brutale ou chronique avec amyotrophie de la fosse sous épineuse. Elle est visible « à jour frisant » en examinant le dos du sportif au niveau de la fosse sous épineuse. Le déficit de force est logique en rotation externe.
Le Patient peut également se plaindre d’une fatigabilité ou d’une imprécision du geste. L’atteinte est parfois asymptomatique. L’IRM recherche un kyste, des signes de souffrance du muscle sous épineux, l’EMG recherche une atteinte du nerf suprascapulaire mais il n’est pas toujours contributif.
5. Prévention
Dépister l’épaule à risque (déséquilibre RE2/RI2) avant l’apparition des lésions anatomiques. Restaurer l’équation entre Stabilité et Mobilité.
Améliorer le point fixe en arrière, représenté par la scapula, par le renforcement des fixateurs de l’omoplate.
Renforcer la coiffe des rotateurs pour optimiser le centrage de la tête humérale.
Lutter contre la surpuissance des rotateurs internes nettement avantagés en nombre par rapport aux rotateurs externes.
Éviter la rétraction posteroinférieure, source de mauvais centrage, par les assouplissements de la capsule postérieure (récupérer la RI2 trop déficitaire) Un bilan isocinétique en médecine physique est intéressant pour guider le rééquilibrage. Repos sportif, traitement de base pour les pathologies de surcharge, ou du nerf SSC.
« L’épaule a le défaut de ses qualités : une extrême mobilité au prix d’une stabilité précaire »